Mon papi du 19ème siècle

En ces temps de commémorations de la première guerre mondiale, j'ai une pensée particulière pour mon papi.
Un papi né au XIX eme siècle (oui ça fait bizarre de dire ça surtout que je ne suis pas encore quadra) et que je n'ai pas connu.
Et mon papi a fait cette foutue sale guerre. Il y a perdu plusieurs frères et cousins.

De ce que raconte mon père, mon papi n'a jamais voulu parler de cette période.
Je sais juste qu'entre lui et mon arrière grand-mère, la maman de ma mamie, c'était un sujet de conflit.
Ma mamie étant d'une famille bourgeoise guindée. Mon papi venant d'une famille très nombreuses (14 enfants), proche du terroir mais assez aisée.
Pour mon arrière grand-mère, a 1000 lieues de la réalité de la vie (il en fut de même lors de la 2ème guerre mondiale) les poilus étaient des soldats fiers, courageux, qui mourraient le sourire aux lèvres, satisfaits du devoir presque accompli.
Propos qui mettaient mon papi dans une rage incroyable. Qui rétorquait que sur le champ de bataille il n'avait jamais vu de soldats morts avec la sourire aux lèvres.

Bref, c'est très étrange de ma part de penser à mon papi seulement quand il y a des commémorations. Seulement quand on parle de cette foutue guerre alors que sa vie à pas été que ça. Cette guerre il l'a connu au début de sa vie, il n'avait pas encore 20 ans.
Je pourrai dire que mon papi c'était aussi un homme dont mon père est le portrait craché (photos à l'appui) avec le cœur sur la main.
Que c'était un homme que j'aurai adoré connaître si une rupture d'anévrisme ne l'avait pas fauché dans la nuit du 13 au 14 juillet 1971.
Mon papi était un passionné d'automobiles. Citroën (il a eu quasi toutes les 2 CV) d'abord puis Peugeot parce que mon oncle avait une concession dans les années 60.

J'imagine sans mal mon papi, fier et droit. Respectueux des choses de la vie après les horreurs qu'il avait connu. Un peu comme le frère aîné de mon père, qui a fait la guerre d'Indochine et qui, de sanguin durant sa jeunesse, est devenu un homme d'une zenitude exemplaire aujourd'hui encore.

Oui j'ai vraiment ce regret de ne pas l'avoir connu et de me contenter que de ce qu'on m'en dit.